Le verdict a été mis en délibéré : L’affaire des «émeutes d’Oued Tlélat» jugée en appel
Lundi dernier, 20 personnes ont comparu devant le tribunal d’appel d’Oran pour répondre à plusieurs chefs d’accusation graves. Les prévenus étaient poursuivis pour des faits d’agressions violentes contre des agents des forces de l’ordre ayant entraîné des blessures, port d’armes blanches prohibées, tentative d’assaut contre un siège de sécurité par un groupe de plus de trois personnes avec usage de la force, non-assistance à personne en danger, désobéissance collective, destruction intentionnelle de biens publics, obstruction de la circulation sur la voie publique par plusieurs individus, ainsi que participation à un rassemblement armé dispersé par la force.
Lors du jugement en première instance, trois des accusés avaient été acquittés tandis que les autres avaient écopé de peines allant de cinq à sept ans de prison ferme. Lors du procès en appel, le procureur a requis le maintien des décisions initiales.
Les faits remontent à l’été 2024. Vers 21 heures, une patrouille de sécurité stationnée dans le quartier des 400 logements à Oued Tlélat avait repéré un groupe suspect qui s’était dispersé à la vue des forces de l’ordre. Peu après, des cris ont attiré l’attention des agents vers une personne allongée au sol, qui selon les témoins, s’était jetée du cinquième étage. En tentant de lui porter secours, les membres de la patrouille ont été violemment attaqués par des jets de pierres et de bouteilles en verre, tandis que la route était bloquée. Il a fallu l’intervention du wali d’Oran pour que les forces de l’ordre organisent une opération d’intervention. Opération qui a entraîné sept blessés parmi les forces de sécurité ainsi que des dégâts matériels considérables : destruction d’un arrêt de bus dans le quartier des 700 logements, dégradation d’un panneau métallique et destruction de quatre conteneurs à ordures. L’enquête ouverte pour identifier les responsables a mobilisé des caméras de surveillance et conduit à l’arrestation de cent personnes, dont un mineur.
Au cours du procès, les accusés ont nié leur implication dans les émeutes. L’un d’eux a affirmé avoir transporté son ami blessé à l’hôpital d’urgence d’El Kerma avec l’aide d’un autre prévenu. Un autre a déclaré ne pas être résident du quartier et donc était absent lors des faits. Chaque accusé a présenté une version différente pour se disculper, malgré les preuves vidéo montrant clairement leur participation.
La défense de la partie civile, représentée par l’APC d’Oued Tlélat, a réclamé une indemnisation de cent millions. De leur côté, les avocats des accusés ont plaidé l’acquittement en se basant sur les vidéos qui ne montreraient aucun des prévenus sur les lieux des émeutes. Certains avocats ont également souligné que leurs clients avaient été incriminés sur la base des déclarations d’un autre accusé initialement arrêté pour incendie volontaire, mais qui s’était rétracté lors du premier procès.
Enfin, les avocats ont remis en question la méthodologie d’enquête utilisée, estimant qu’une géolocalisation via les téléphones portables aurait permis de prouver la présence ou l’absence des accusés sur les lieux au moment des faits.
L. Zemmouri
