Apologie du terrorisme : Trois ans de prison ferme pour un Syrien

Le tribunal criminel d’appel d’Oran vient de condamner un ressortissant syrien établi en Algérie, A. Anwar, à trois ans de prison ferme. Il était poursuivi pour apologie d’un groupe terroriste opérant à l’étranger, utilisation des technologies de l’information pour recruter au profit d’une organisation terroriste, collecte illégale de fonds destinés à financer le voyage de personnes à l’étranger afin de soutenir des groupes terroristes, ainsi que blanchiment d’argent. Cette affaire a impliqué neuf accusés, déjà jugés en première instance.
L’enquête remonte au 23 avril 2020, lorsque les services de la sécurité, sur instruction du parquet de Relizane, décident d’infiltrer plusieurs comptes de réseaux sociaux suspectés d’activités liées à Daesh. L’objectif : identifier toute personne, en Algérie ou à l’étranger, faisant l’apologie de groupes terroristes et leur apportant un soutien financier. Pour ce faire, les enquêteurs ouvrent un compte Facebook sous un nom fréquemment utilisé dans les milieux extrémistes. Très vite, plusieurs comptes prennent contact avec eux, dont celui d’un certain « Gharib Adiyar », localisé en Turquie.
Les investigations ainsi lancées révèlent que plusieurs mis en cause — y compris des ressortissants syriens et même des femmes établies en Algérie — activaient via les réseaux sociaux et que des mouvements s’organisaient dans des pays européens, notamment entre la France et l’Espagne.
L’enquête permet notamment d’identifier un certain G. Mouayyad, ressortissant syrien installé à Constantine depuis 2012 et marié à une Algérienne. Celui-ci possède un compte Facebook sous le nom « Abou Kanaan », utilisé pour recenser les familles syriennes cherchant à quitter les zones de conflit. Les enquêteurs établissent que ledit Mouayyad entretenait des liaisons avec des groupes terroristes actifs en Syrie et en Turquie. Il apparait d’ailleurs qu’il s’était d’ailleurs déjà rendu en Turquie où il était resté pendant quatre mois avant de revenir en Algérie. Selon les éléments établis il avait également utilisé les comptes postaux des autres accusés pour recevoir des sommes d’argent destinées à l’organisation terroriste Etat islamique.

Le ministère public réclame dix ans de réclusion

Confronté aux faits, G. Mouayyad nie toute implication. Il reconnaît toutefois un échange ponctuel avec « Gharib Al-Diyar ».
Concernant A. Anwar, celui-ci possède une société en Algérie enregistrée au nom de son père. Sa famille y est en effet installée depuis 1996. Son frère se trouverait, quant à lui, dans des zones de conflit en Syrie qui se trouve encore sous le règne du président Bachar el Assad. Selon l’enquête, Anwar aurait collecté de l’argent en faveur de l’Etat islamique en utilisant les comptes postaux de citoyens algériens partis en Turquie à partir de 2015.
Le troisième accusé, B. Muhammad, également syrien, est entré en Algérie en 1996 et sa famille l’a rejoint en 2013. Puisatier, il possède une entreprise à Remchi, dans la wilaya de Tlemcen. Toutefois, il s’avère que sa résidence lui avait été retirée en 2007 pour exercice illégal d’activité.
Un autre accusé, D. Moussa, nie connaître les autres mis en cause. Chauffeur d’A. Anwar, il affirme avoir simplement accompli pour lui diverses tâches administratives, notamment le paiement de factures. Il admet que ce dernier a utilisé son compte postal en 2019 pour y déposer de l’argent, les sommes atteignant jusqu’à 200 millions de centimes mais dit ne pas avoir connaissance d’activités de nature subversives. L’enquête révèle que son compte était également exploité par une personne surnommée « Abou Aqab » pour transférer des fonds. Une photo de son chèque postal publiée sur un compte Telegram a d’ailleurs déclenché des poursuites à son encontre en 2019. D’ailleurs, l’homme l’avait par ailleurs été condamné en 1998 dans une affaire d’adhésion à un groupe terroriste à Tlemcen.
Lors de son passage à la barre du tribunal criminel d’appel d’Oran en fin de semaine passée, A. Anwar a rejeté en bloc les accusations, affirmant n’avoir jamais enfreint les lois de son pays d’accueil depuis son installation en Algérie.
Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public n’a pas moins requis la peine de dix ans de réclusion criminelle contre lui. La défense, elle, a plaidé la non-culpabilité, insistant sur l’absence de preuves matérielles établissant l’implication de son client.
Zemmouri L.

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