Elle se fait progressivement sur le terrain: Vers une IA souveraine

Le directeur de l’École supérieure d’intelligence artificielle, Abdelmalek Bachir, a affirmé que l’Algérie travaille depuis deux ans à la mise en œuvre de sa stratégie nationale en matière d’intelligence artificielle (IA). Une démarche qui intervient dans un contexte où les grandes entreprises, les banques, les compagnies d’assurance, les caisses de sécurité sociale, ainsi que les opérateurs télécoms et informatiques, recourent de plus en plus à des solutions basées sur l’IA. Selon lui, cette technologie est désormais un levier essentiel pour améliorer la performance et la prise de décision.
Invité ce dimanche sur la Radio nationale, Abdelmalek Bachir a précisé que la concrétisation de cette stratégie se fait progressivement sur le terrain, autour de plusieurs axes fondamentaux, dont le premier reste la formation du capital humain. Il a souligné que les universités algériennes forment des étudiants dans des domaines liés à l’intelligence artificielle, tels que l’informatique et la numérisation. Les écoles d’élite, a-t-il ajouté, produisent désormais des compétences capables de piloter des projets d’IA en collaboration avec l’Agence de sécurité informatique, l’Agence des systèmes d’information et l’Agence nationale de la numérisation.
Le directeur a également mis en avant les atouts technologiques du pays : centres de données, réseau Internet à haut débit, et capacité à connecter et exploiter des infrastructures spécialisées dans l’intelligence artificielle. Selon lui, la disponibilité des données massives et la numérisation des secteurs clés constituent des éléments centraux pour développer des solutions d’IA adaptées aux besoins nationaux, notamment dans l’éducation, l’industrie et l’économie.
Concernant la capacité des compétences nationales à porter cette stratégie, Abdelmalek Bachir a insisté sur la nécessité de former des ingénieurs, des leaders et des élites qualifiées. Il a précisé que les écoles d’excellence doivent elles-mêmes être dirigées par des profils capables de gérer des projets innovants.
« La formation académique ne suffit pas », a-t-il déclaré. « Il est indispensable de nouer des partenariats avec le secteur économique pour renforcer l’efficacité des programmes et des applications d’IA. » Il a ajouté que les universités algériennes sont désormais plus ouvertes au monde de l’entreprise, ce qui favorise les opportunités de collaboration et de réseautage au profit des étudiants et des institutions.
Le directeur a souligné que les opportunités de partenariat dans le domaine de l’IA sont aujourd’hui nombreuses. Il a appelé à encourager les étudiants à créer des start-ups dans un écosystème favorable à l’économie du savoir, et invité les grandes entreprises à jouer un rôle moteur dans le soutien à l’innovation et au développement de solutions sur le marché national.
Sur le plan réglementaire, il a insisté sur la nécessité d’accompagner les évolutions technologiques par des cadres législatifs adaptés. Il a rappelé que l’Algérie dispose d’une infrastructure favorable — énergie, ressources humaines qualifiées, Internet haut débit – qui permet de développer un système national d’intelligence artificielle, tout en offrant aux étudiants la possibilité de poursuivre leurs études en doctorat.
Enfin, il a plaidé pour l’adoption d’un modèle national « souverain » d’intelligence artificielle, capable de protéger les données et d’adapter les algorithmes aux spécificités culturelles et nationales. « L’Algérie est engagée dans la gouvernance internationale de l’IA, mais elle développe en parallèle un modèle local en phase avec ses valeurs et ses traditions », a-t-il affirmé.
Dans ce cadre, il a proposé de lancer des campagnes de sensibilisation ciblées, notamment auprès des enfants et des jeunes utilisateurs, qui recourent quotidiennement à des applications d’IA dans leurs interactions sociales. Il a également souligné l’importance d’alimenter les modèles et les programmes avec des données algériennes authentiques, afin de garantir leur compatibilité avec l’identité nationale.
T. Feriel
