Prise en charge des personnes aux besoins spécifiques : Entre manque d’infrastructures et sensibilisation

Un nouveau décret exécutif, récemment publié au Journal Officiel, vient renforcer les droits des personnes aux besoins spécifiques en Algérie. Pour le professeur Abdelmadjid Tabti, président du Conseil national dédié à cette catégorie de citoyens, ce texte apporte des avancées significatives en établissant des passerelles entre plusieurs secteurs, facilitant ainsi une prise en charge plus efficace et une meilleure intégration socioéconomique.
Toutefois, la mise en œuvre de ces nouvelles dispositions se heurte à plusieurs obstacles. D’après M. Tabti, lors de son passage à l’émission « L’Invité du jour », de la chaine 3, de la Radio nationale, le manque d’infrastructures adaptées et de personnel formé complique la prise en charge des personnes en situation de handicap, en particulier les jeunes enfants dont l’apprentissage diffère de celui des autres.
« Nous recensons aujourd’hui près de deux millions de personnes en situation de handicap en Algérie, incluant des handicaps mentaux, psychiques, moteurs, des troubles du spectre autistique, des déficiences intellectuelles ou encore des cas de trisomie. Des erreurs de diagnostic médical viennent encore aggraver la situation », souligne-t-il.
De plus, le manque d’écoles et de crèches spécialisées rend difficile l’intégration de ces enfants, exacerbant les défis auxquels ils font face. L’isolement social et le rejet par une partie de la société ajoutent à leurs souffrances, un phénomène que le professeur qualifie de « regard impitoyable » qui marginalise ces individus au lieu de les inclure.
L’un des points essentiels de ce nouveau décret est l’accent mis sur le diagnostic précoce, un élément crucial pour prévenir l’aggravation de certains handicaps, en particulier ceux acquis après la naissance.
« Il y a de nombreux handicaps que l’on peut éviter », explique le Pr. Tabti. « Qu’il soit prénatal, congénital ou acquis, un dépistage précoce effectué dans des structures adaptées peut faire une grande différence. Plus on intervient tôt, plus on donne à l’enfant une chance de suivre un parcours scolaire et de s’insérer dans la société. »
Cependant, le professeur s’interroge sur l’efficacité de l’affectation des ressources publiques. « Ce n’est pas seulement une question de moyens, mais plutôt de s’assurer que ces moyens arrivent réellement aux personnes qui en ont besoin », insiste-t-il.
Au-delà des infrastructures et des politiques publiques, un travail de sensibilisation en profondeur s’impose. Le professeur Tabti appelle à un changement de regard sur les personnes en situation de handicap, afin de briser les stéréotypes et de favoriser leur inclusion.
« Le handicap n’est pas un frein en soi, c’est le regard de la société qui handicape davantage ces personnes », conclut-il, espérant que ces nouvelles mesures permettront d’amorcer un véritable changement, tant au niveau des politiques publiques que des mentalités.
Ch.G

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