Produits chimiques, infections… : Ce que cachent les piscines d’été

A l’approche de l’été, les piscines deviennent des havres de fraîcheur pour les estivants à Oran. Pourtant, derrière leur apparente innocuité, ces bassins bleutés cachent des risques sanitaires méconnus du grand public. Chlore, produits chimiques, infections : la baignade pourrait ne pas être aussi anodine qu’on le pense.
«Le chlore est l’agent désinfectant le plus utilisé dans les piscines. Il permet d’éliminer les bactéries et les virus, assurant ainsi une eau ‘propre’ du point de vue sanitaire. Mais plusieurs études scientifiques ont mis en lumière les effets potentiellement nocifs du chlore, notamment lorsqu’il entre en réaction avec des matières organiques (comme la sueur ou l’urine), produisant des sous-produits appelés trihalométhanes (THM), soupçonnés d’être cancérigènes», met en garde le Dr Benyahia, néphrologue. «Une exposition régulière à ces composés volatiles, par inhalation ou contact cutané, pourrait augmenter les risques de cancers, notamment de la vessie. Les nageurs fréquents, les enfants et les employés de piscines publiques sont les plus exposés», souligne le spécialiste.
«Outre le chlore, les piscines utilisent souvent un cocktail de produits chimiques pour réguler le pH de l’eau, désinfecter et clarifier. Ces substances, bien que réglementées, ont un impact direct sur notre microbiote cutané», explique encore le Dr Benyahia.
Le spécialiste continue : «La peau est notre première barrière immunitaire, protégée par une flore microbienne fragile. Une exposition régulière à l’eau chlorée ou traitée peut altérer cet équilibre, provoquant des irritations, des sécheresses chroniques, voire une perturbation du système immunitaire. Chez certaines personnes sensibles, cela peut aggraver des maladies dermatologiques comme l’eczéma ou le psoriasis». Et ce médecin d’énumérer les arguments : «Des recherches récentes suggèrent également un lien entre l’altération du microbiote et le développement de maladies inflammatoires ou auto-immunes. Le danger ne se voit pas immédiatement, mais s’accumule au fil des expositions».
Un parent oranais témoigne que sa fille de 8 ans a eu une grave infection urinaire après avoir nagé dans une piscine d’un complexe touristique. Le néphrologue explique : «Même traitée, l’eau des piscines n’est jamais complètement exempte de risques infectieux. Une hygiène déficiente, une fréquentation élevée ou une désinfection mal dosée peuvent transformer une piscine en véritable nid à germes». Et d’ajouter : «Les infections urinaires, notamment chez les femmes, sont parmi les plus fréquentes. Mais ce ne sont pas les seules : infections oculaires, mycoses, otites, voire gastro-entérites peuvent aussi résulter d’une baignade dans une eau insuffisamment propre. Certaines bactéries résistantes comme Pseudomonas aeruginosa trouvent dans ces environnements humides des conditions idéales pour se développer».
Faut-il pour autant bannir les piscines ? «Pas nécessairement, mais une prise de conscience s’impose. Il est essentiel de respecter des règles d’hygiène strictes : se doucher avant la baignade, éviter d’uriner dans l’eau, ne pas nager en cas de maladie infectieuse, et privilégier les piscines bien entretenues et surveillées», répond le Dr Benyahia. Parallèlement, certaines alternatives au chlore, comme l’ozone ou les systèmes au sel, bien qu’imparfaites, offrent des pistes intéressantes pour réduire l’exposition aux produits chimiques.
En définitive, si la piscine reste un plaisir estival prisé, elle ne doit pas être perçue comme sans risque. Mieux informés, les usagers peuvent adopter des comportements responsables, pour que le plaisir de nager ne se transforme pas en menace pour la santé.
G. Salima

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