Filière des viandes rouges locales : Les raisons de la flambée des prix

Hausse fulgurante des coûts de production, sécheresse, épizooties affectant le cheptel, fluctuations des importations…, la filière des viandes rouges locales fait face à de nombreuses contraintes qui entrainent une flambée des prix durement ressentie par le consommateur.
Chez les bouchers de la rue des Aurès (ex-Bastille), au centre-ville d’Oran, la viande de veau locale était proposée, hier, au même prix que la viande ovine, soit 2.700 dinars le kilogramme alors que les prix de ce produit carné ne dépassaient pas les 2.200, il y a une année. Le rumsteck et le filet de veau ont atteint 3.500 dinars le kilo.
Cette flambée ne permet pas aux consommateurs de la classe moyenne de s’en approvisionner. «L’offre en viande rouge locale a baissé, d’où les prix d’achat de carcasses qui sont hors de portée à l’abattoir», affirme un gérant d’une boucherie située au marché des Aurès. Ce boucher se plaint des prix des carcasses achetées auprès des éleveurs.
La viande rouge est chère en raison de plusieurs facteurs clés. Le premier élément est l’inflation des coûts de production marquée par la hausse des prix des aliments pour le bétail et des fourrages. «L’aliment concentré constitué d’orge, de maïs et de soja coûte en moyenne 8.000 DA le quintal et les animaux en consomment jusqu’à dix kilos par jour», explique un éleveur qui gère une exploitation bovine à Tafraoui. «Alors que la production d’un kilo de viande nécessite la mobilisation de 15.000 litres d’eau, la sécheresse persistante a réduit la disponibilité des ressources alimentaires pour le bétail», nous éclaire, de son côté, le vétérinaire qui assure le suivi de cet élevage bovin.
Selon la Direction des services agricoles de la wilaya d’Oran, «la filière bovine oranaise qui compte 700 éleveurs produit plus de 100.000 quintaux de viandes rouges en moyenne chaque année». La wilaya d’Oran compte quelques grands élevages modernes de veaux destinés à la production de viande. C’est le cas d’une ferme située près de Tafraoui qui utilise des techniques innovantes et des équipements modernes pour optimiser la production de viande. Cette exploitation, dotée d’un logiciel de gestion, permet une alimentation précise des veaux et une meilleure gestion des soins vétérinaires. Elle contribue également à l’approvisionnement du marché local en viandes. L’élevage bovin est principalement axé sur la production mixte de viande et de lait. Les systèmes d’élevage varient, incluant des méthodes extensives et intensives, avec une majorité des éleveurs pratiquant un modèle naisseur-engraisseur. «Les races bovines comme la Montbéliarde et Holstein sont courantes, mais les élevages spécialisés en viande restent rares», souligne le vétérinaire. L’arrêt des importations a aussi influé sur les prix de la viande.
Le 14 janvier 2024, la suspension a été levée pour les importations d’intrants agricoles espagnols, puis pour la viande rouge de ce pays. Enfin, l’autre élément qui a influé sur la filière est d’ordre sanitaire. «La maladie hémorragique épizootique (MHE) empêche toute importation de jeunes bovins en provenance de France ou d’Espagne. La production locale de veaux reste insuffisante d’autant plus que les veaux femelles sont orientés vers la production laitière. Les besoins en jeunes veaux destinés à l’engraissement sont considérables», souligne encore le vétérinaire.
Certains éleveurs comptent s’organiser en coopératives pour agir plus efficacement au niveau de l’approvisionnement en intrants ainsi qu’en commercialisation des viandes rouges vers les différents points commerciaux. L’idée est d’organiser des espaces de vente du producteur au consommateur afin de couper l’herbe sous les pieds des intermédiaires qui font augmenter les prix en appliquant une marge bénéficiaire confortable. Les éleveurs réclament des politiques publiques qui vont les soutenir suffisamment. L’élevage bovin fait ainsi face à des défis, notamment la gestion des ressources et la productivité.
G. Salima

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