Entre remises annoncées, doutes en ligne et quête d’aubaines: Les soldes d’été ne font pas l’unanimité

 

Au cœur du mois d’août, alors que la chaleur écrase les rues d’Oran, les vitrines s’ornent de pancartes rouges aux promesses de réductions importantes. Officiellement lancée le 21 juillet 2025, la campagne de soldes d’été s’étire jusqu’au 31 août sous le contrôle des autorités. Les commerçants doivent déclarer leurs soldes à la direction du commerce de la wilaya, déposer un dossier précis, et afficher clairement les anciens et nouveaux prix.

Dans une boutique discrète de prêt-à-porter à Maraval, le gérant, peu loquace, esquisse un léger sourire avant de simplement indiquer : «On fait ce qu’on peut. Les prix restent difficiles à baisser». Ses mains, occupées à ranger quelques chemises, traduisent plus que ses mots la tension économique palpable. Un autre commerçant, silencieux, se contente de hocher la tête lorsque la question de la conformité aux règles est évoquée.
Dans le paysage commercial oranais, les prix varient selon les articles et les quartiers. Par exemple, une chemise pour homme en tissu synthétique se vend souvent entre 2.500 et 3.500 dinars, avec des soldes affichées à environ 2.000 dinars dans les boutiques qui respectent les règles d’étiquetage. Un pantalon en jean peut coûter initialement entre 4.000 et 6.000 dinars, avec des remises allant parfois jusqu’à 40%, ce qui ramène le prix autour de 2.500 à 3.600 dinars. Les chaussures, particulièrement prisées dans les quartiers d’Akid Lotfi, affichent des prix qui oscillent entre 5.000 et 8.000 dinars avant soldes, certaines paires bénéficiant de réductions allant de 20 à 35%.
Cependant, il arrive que des articles présentés comme soldés n’affichent pas clairement le prix d’origine, rendant difficile pour le client de mesurer l’économie réelle. Ces écarts, réels ou perçus, nourrissent la méfiance d’une clientèle de plus en plus exigeante.
A Akid Lotfi, dans une petite boutique de chaussures pour femmes, la vendeuse, souriante mais réservée, murmure : «Je déclare tout, mais peu le font. On suit le mouvement, avec prudence». Une retenue qui traduit la méfiance ambiante, partagée par bien des commerçants qui naviguent entre contraintes légales et survie économique.
Sur les réseaux sociaux, cette atmosphère hésitante trouve un écho paradoxal. Des vidéos virales sur TikTok montrent des vitrines annonçant des remises spectaculaires, souvent largement commentées par une audience dubitative. «Soldes ou pas, les prix ne bougent pas vraiment», résume un commentaire devenu viral sur une vidéo postée par une boutique de Maraval. Les groupes Facebook «Oran Ventes et Astuces» et «Oran Shopping & Dénonciations» regorgent de discussions passionnées, mêlant plaintes, conseils et dénonciations.
La Direction du commerce d’Oran, dans son dernier rapport du 4 août 2025, confirme avoir réalisé plus de 1.300 contrôles, révélant 112 infractions principalement liées à l’absence d’affichage clair des prix et des taux de réduction.
Sur le marché informel, la vente au kilo se développe, notamment dans les galeries de Maraval. Ce mode de commercialisation, peu encadré, offre aux consommateurs des vêtements importés à bas prix, souvent sans aucun étiquetage, créant un concurrent parallèle difficile à réguler.
Les familles oranaises, de plus en plus prudentes, adoptent une attitude d’observation. Certaines préfèrent attendre la fin des soldes pour être sûres de la réalité des remises.
Ainsi, à Oran, la campagne des soldes d’été 2025 illustre un rapport complexe entre la loi, les commerçants, et des consommateurs méfiants. Entre les vitrines pleines de promesses et les réalités économiques, la confiance reste fragile. Sur les réseaux sociaux, les discussions s’animent, mais dans les boutiques, les commerçants préfèrent souvent le silence.
O.A Nadir

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