OPEP+ : L’Algérie relève sa production de pétrole

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+), réunis hier par visioconférence, ont décidé d’augmenter collectivement leur production de 137 000 barils de pétrole brut par jour à compter du 1er novembre 2025. L’annonce, confirmée par le ministère algérien de l’Énergie et des Mines, intervient dans un contexte international marqué par des tensions économiques persistantes et des signaux contradictoires sur la demande mondiale d’hydrocarbures.
Cette décision, adoptée en à peine neuf minutes de délibération, a réuni huit pays concernés par les ajustements volontaires de production : l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Irak, le Kazakhstan, le Koweït, le Sultanat d’Oman et la Russie.
Pour l’Algérie, représentée par le ministre d’État, ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, la hausse portera sur 4 000 barils par jour, un volume symbolique mais significatif dans la logique d’équilibre défendue par Alger au sein du cartel.
« Cette décision illustre une approche prudente et équilibrée visant à préserver la stabilité du marché mondial tout en maintenant la flexibilité face aux aléas économiques », a déclaré M. Arkab à l’issue de la réunion. Selon lui, la coordination étroite entre producteurs demeure « le meilleur rempart contre les déséquilibres brutaux qui pourraient déstabiliser les marchés énergétiques ».
L’annonce de cette hausse de production intervient alors que le baril de Brent oscille autour de 83 dollars, un niveau que plusieurs pays jugent « confortable » pour préserver leurs recettes sans étouffer la reprise mondiale.
Cependant, la hausse modérée — équivalente à 0,13 million de barils par jour sur une production totale mondiale de près de 102 millions — reste largement symbolique et vise davantage à envoyer un signal de stabilité qu’à provoquer une modification substantielle des cours.
Pour les analystes, l’OPEP+ cherche avant tout à gérer les anticipations des marchés. Les craintes d’un ralentissement économique en Chine et en Europe, conjuguées à la vigueur retrouvée de la production américaine de pétrole de schiste, exercent une pression baissière sur les prix.
Un cartel en quête d’équilibre durable
Dans ce contexte, une hausse graduelle et coordonnée permet de désamorcer les tensions internes entre les pays favorables à une production plus libre et ceux, comme l’Arabie saoudite, soucieux de défendre des prix élevés.
Pour l’Algérie, cette décision s’inscrit dans une stratégie de crédibilisation de sa politique énergétique. Depuis le début de l’année, le pays maintient une discipline rigoureuse dans le respect de ses quotas, tout en œuvrant à renforcer la capacité de production de Sonatrach. Selon les estimations du ministère de l’Énergie, la production nationale de brut atteindra 1,06 million de barils par jour en novembre, contre 1,056 million actuellement.
Cette marge supplémentaire permettra à Alger de soutenir ses recettes d’exportation sans rompre l’équilibre fragile du marché. En parallèle, le pays poursuit son effort d’investissement dans la prospection et le développement des gisements, notamment dans le bassin de Berkine et le Sud-Ouest, afin d’assurer la stabilité de ses capacités à moyen terme.
L’impact de cette hausse sur les prix mondiaux devrait rester limité à court terme. Toutefois, sur le plan symbolique, elle signale la volonté de l’OPEP+ de répondre aux signaux de demande sans risquer une surproduction.
Les analystes estiment que, si la demande mondiale se maintient à son niveau actuel — autour de 102,5 millions de barils/jour selon l’AIE —, le marché devrait rester équilibré jusqu’à la fin de l’année.
En revanche, si la croissance mondiale fléchit davantage en raison du ralentissement chinois ou d’une politique monétaire plus stricte aux États-Unis, le léger surplus prévu en novembre pourrait exercer une pression baissière sur le Brent, susceptible de redescendre vers les 80 dollars. Dans ce cas, l’OPEP+ pourrait être contrainte de revoir sa décision dès décembre, lors de sa prochaine réunion ministérielle prévue le 2 novembre 2025.
Cette décision reflète également une évolution du rôle de l’OPEP+ dans un marché devenu plus complexe. L’organisation n’agit plus seulement comme un régulateur des volumes, mais comme un acteur macroéconomique, ajustant sa production pour éviter les chocs pétroliers susceptibles de freiner la croissance mondiale.
Pour la Russie, confrontée aux sanctions occidentales, comme pour les pays du Golfe cherchant à financer leurs plans de diversification, le maintien d’un prix plancher entre 75 et 85 dollars le baril est vital.
L’augmentation décidée ce dimanche vise donc à préserver ce couloir de stabilité, tout en rassurant les pays consommateurs, notamment en Asie, sur la capacité du cartel à ajuster son offre.
G. Salima